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Donner et recevoir

« Donner » et « recevoir », deux mots qui reviennent souvent dans ma vie que cela soit dans le cadre de mes formations, de la danse, de la thérapie, de lectures ou dans d'autres espaces. Pourtant, je ne me suis jamais vraiment interrogée sur cette question.


Suite à ma formation de ce matin, l'envie d'aller plus loin, d'amener une réflexion, de l'écrire, de la déposer, de la laisser là et de voir ce qu'il se passe, le chemin qu'elle va faire dans ma tête, dans mon corps et dans mon cœur.


C'est quoi « donner » ? En fait, je ne sais pas. Je n'ai pas de définition. Il y a tellement de façon de donner. C'est assez simple pour moi de donner. D'abord, je donnais pour mieux recevoir en retour. Donner me permettait d'avoir la sensation d'être aimée. Il y avait toujours une attente, une dette tacite derrière mon don. Était-ce donc vraiment un don ?


Aujourd'hui, j'apprends à me détacher de cela. Je suis moins dans le don/contre don même si ce n'est pas toujours évident. J'apprends. J'expérimente. Je vois que je suis capable de donner du temps d'être là pour les autres sans pour autant être en attente de quelque chose. Je le fais parce que cela me fait du bien, parce que cela me nourrit, parce que je sens que c'est juste.


Oui, donner, c'est facile. Surtout quand il s'agit de donner à des proches. Quid des personnes que je ne connais pas ? Suis-je capable de leur donner autant qu'à ceux qui me sont chers ? Quid des personnes qui m'ont blessée ? Suis-je capable de leur pardonner ? Pas toujours. Mais là aussi, j'apprends, j'expérimente et je constate que j'en suis parfois capable. L'ouverture est là.


Je donne du temps, de l'argent, des cadeaux, une présence et parfois de l'amour. Mais suis-je vraiment capable de donner ? Est-ce cela donner ? A la réflexion, peut-être n'est-ce pas suffisant. Car dans le don, il y a encore de la retenue. Pourquoi est-ce facile pour moi de donner ? Parce que que je « contrôle » mon don. Je choisis de donner et je donne dans une certaine mesure. Je donne ce que j'ai envie à ceux que j'ai envie. Il y a certaines parts de moi que je ne donne pas aux autres. Celles-là me sont réservées. Elles m'appartiennent et je ne les partage pas. Dans le don, je peux aussi choisir de donner plus ou moins : Je donnerai plus à l'un et moins à l'autre. Donner en contrôlant, en choisissant, en privilégiant est-ce vraiment donner ?






Quid de recevoir ? Ça c'est une autre histoire... Recevoir c'est compliqué. C'est même une notion paradoxale : je suis en attente de recevoir (recevoir de l'amour, de l'attention, de la reconnaissance) et en même temps je m'y refuse. Lorsque je reçois, j'ai tendance à rejeter.

Autant j'arrive à me libérer de la notion de don/contre don quand il s'agit de donner, autant dans le sens inverse c'est difficile. Si je reçois, je dois rendre en retour. Apparaît donc la notion d'obligation, de dette. Je suis incapable de juste recevoir.


Pourquoi cette difficulté ? Je pense qu'il y a plusieurs choses. Tout d'abord un manque de reconnaissance de moi envers moi : je ne suis pas digne d'être aimée, je ne suis pas digne de recevoir. Comme je ne suis pas digne, je dois faire quelque chose en retour pour «justifier » le don que j'ai eu, me déculpabiliser.


Et puis il y a une difficulté bien plus grande, bien plus ardue à dépasser : celle de la vulnérabilité. Recevoir, pour moi, c'est synonyme de dépendance, de ne pas être capable, d'être faible. Si je reçois alors cela signifie que je ne peux pas m'en sortir seule, que j'aurais toujours besoin des autres. Autant de croyances débiles à déconstruire.

 

Lorsque je me retrouve en face d'une personne qui m'ouvre son cœur, qui donne sans attente, je sens mes protections flancher. Cela devient fragile. Mon corps tremble et résiste comme il peut. Je ne peux pas flancher, si je flanche, je laisse la personne « m'atteindre », « entrer en moi ». Si je n'ai plus mes barrières, cette personne me verra sans filtre. Elle pourra voir toutes mes ombres, mes vulnérabilités, mes fragilités, mes échecs, mes hontes. Je ne pourrais plus lui mentir, je ne pourrais plus me mentir. Je devrais accepter d'être nue devant elle, sans défense. Et ça c'est terrifiant !


Et si donner et recevoir n'était qu'un seul et même mouvement vers l'autre et vers soi?

Et si c'était cela le véritable don de soi ?

Et si le don de soi c'était accepter de me montrer telle que je suis, de casser la forme lisse pour laisser apparaître celle avec toutes ses aspérités ?

Et si le don de soi c'était accepter de recevoir l'autre en soi, de le laisser voir tout ce qui se cache à l'intérieur ?

Et si le don de soi c'était accueillir tout ce que l'autre peut m'apporter sans juger, sans attente, sans croyances, juste ressentir tout l'amour que cette personne souhaite me partager sans la rejeter, la mettre de côté, la repousser par peur de moi-même?

Et si le don de soi, c'était de déposer les armes, d'enlever l'armure tout en acceptant de mettre mes limites?

Et si le don de soi c'était offrir mon être authentique, vrai et imparfait ?

Et si le don de soi c'était accepter de juste laisser mon cœur s'ouvrir, exister, aimer et être aimé?


Petit clin d’œil à ma merveilleuse enseignante qui me guide sur la Voie du Cœur.



Aline Lourtie

Réflexion suite à la formation chez Ajna

02/06/2023

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