Deux mots. Deux petits mots. Deux mots qui paraissent si simples, si inoffensifs. Deux mots qui n'ont l'air de rien et qui, pourtant, sont lourds de sens. Derrière ces deux petits mots se cachent tellement de peurs et d'obstacles. « Oui, mais », c'est l'argument préféré de l'auto-saboteur...
Ah... l'auto-saboteur... Mon personnage préféré. Celui qui ne me quitte (presque) jamais. Celui qui me permet de me planquer dans mes fausses certitudes. Ce personnage, tellement jaloux, qu'il fait tout pour me garder uniquement pour lui. Sortir de ma zone de confort.... Surtout pas, cela reviendrait à le mettre de côté. Alors, forcément, cet auto-saboteur, met en place des stratégies pour ne surtout pas que je m'éloigne. Quand je suis tentée de changer, de découvrir d'autres choses, de faire de nouvelles expériences, il est là pour me rappeler à l'ordre et me dire « Oui, mais ».
« J'ai envie d'écrire. Oui, mais je n'ai pas le talent nécessaire»
« J'ai envie d'entrer en relation amicales et/ou amoureuses. Oui, mais je ne suis pas assez bien. »
« J'ai envie de développer mon activité professionnelle. Oui, mais je ne suis pas légitime»
« Oui, mais », c'est la porte ouverte à toutes les excuses possibles et imaginables pour ne surtout pas faire un pas en avant : les autres, le temps, l'argent, mon manque de confiance, la météo, la conjoncture de Mercure qui rétrograde, une nouvelle série sur Netflix,.... Tout est bon pour me justifier de rester coincée.
C'est aussi un bon pretexte pour me morfondre sur moi-même et me dire que je n'y arriverais jamais, que je ne suis pas assez bien et que franchement, cela ne vaut même pas la peine d'y aller. A quoi bon...
A force de me cacher, je deviens invisible. C'est ma croyance donc je fais en sorte de la créer pour me prouver à moi-même que j'ai raison de penser que je suis nulle et que je ne vaut pas la peine. Les personnes que je rencontre finissent par me remplacer en me disant « T'es une chouette fille MAIS... ». Le cercle vicieux s'installe lentement et sûrement. Je ne serais jamais assez bien aux yeux des autres. Il a toujours quelqu'un qui passe avant moi. Je passe toujours au second plan. Ben oui... normal... puisque je n'arrive pas à me mettre au premier plan, il y a toujours un « MAIS » pour m'eclipser.
« Oui, mais », c'est un boulet accroché à mes chevilles que je traine péniblement derrière moi.
« Oui, mais », c'est la somme de toutes mes peurs, de toutes mes croyance débiles et limitantes, toutes les comparaisons qui n'ont aucune raison d'être, toutes mes culpabilités, toute mon ignorance.
« Oui, mais », c'est de la lâcheté. Tout simplement.
« Oui, mais », c'est une belle prison dorée construite par mon auto-saboteur dans laquelle je me suis enfermée. Je suis à la fois la victime et mon propre bourreau.
De temps en temps, il m'arrive de me mettre en mouvement. Comme une pulsion de Vie qui vient me pousser dans le dos. Et là, je fonce sans me poser de question. J'y crois. J'y vais. C'est tout. De là nait de magnifiques voyages dans le monde, des projets qui me portent et auxquels je crois, des rencontres incroyables, des moments intimes avec moi-même, de grandes joies, de la folie et aussi beaucoup de confiance.
Cela dure un temps. Et puis, mon auto-saboteur vient à nouveau frapper à la porte. En plus de me saboter, il me fait culpabiliser d'avoir réaliser de belles choses. Ben oui... j'ai osé me mettre en avant, j'ai osé exister. Maintenant, il est temps de s'effacer, de laisser place aux autres, de s'écraser et de nouveau de ne plus bouger pour ne pas déranger.
« Oui, mais », « Oui, mais », « Oui, mais », « oui, MAIS », « oui, MAIS », « oui, MAIS », « oui, MAIS » !!!!
Cela devient mon mantra que je me répète sans cesse à longueur de journée. Ca pèse, c'est lourd, cela me coupe de tout et de tout le monde. Je vis retranchée dans mon espace de sécurité dans lequel je finis par étouffer.
A force de répéter ce mantra, il s'inverse. Et si...
Si au lieu de dire : « j'ai envie d'écrire. Oui, mais je ne me sens pas capable », je disais : « je ne me sens pas capable. Mais oui, j'ai envie d'écrire. » La dynamique est peut-être déjà différente. Je me sens nulle mais je vais quand même essayer. C'est mieux. Il y a comme une lueur d'espoir, une envie de se mettre en mouvement.
MAIS, soyons honnête, l'auto-saboteur n'est pas loin. C'est juste un tour de passe-passe pour faire diversion. Cela peut fonctionner un temps mais pas sur le long terme. Surtout si derrière le « mais oui » se cache un « il faut » ou « je dois ».
Là, j'arrive carrément dans une zone de déni où je me fais croire que je contrôle mon auto-saboteur et que je suis libre alors que je m'enchaine encore davantage. Tout devient obligation. Tout est forcé.
Comment faire pour sortir de ce cercle vicieux ? Déjà prendre conscience du problème. Sentir le figement, l'inconfort.
Ok, je m'auto-sabote . Qu'est ce que je fais ? J'ai le choix : celui de rester dedans, de ne rien faire et celui de me mettre en mouvement même si c'est difficile et que cela fout la trouille.
Les « il faut » et « je dois », deviennent des « je choisis de » et le « oui » se détache du « mais » et devient un mot de confiance et d'audace qui ne cache plus rien.
Oui, je choisis d'y aller. J'ose y aller. J'ose avancer. Je vais certainement me prendre des murs, des portes en pleine figure. Je vais certainement tomber, me faire mal (et faire du mal). Je vais certainement me sentir en échec, voir des projets échouer. Oser, c'est prendre le risque d'expérimenter la douleur, l'échec, le jugement, le rejet.
Oser, c'est aussi me donner la chance de réussir. C'est me donner une chance de m'exprimer, de vivre mes envies et aussi de rencontrer les autres. C'est aussi me donner l'opportunité de changer d'angle de vue, de prendre une nouvelle place, de ne plus me limiter. De me rendre compte que, la plupart du temps, quand je suis alignée avec ce que je fais, avec ce que je vis, ce n'est pas le rejet que j'expérimente. Au contraire, je vois que ma lumière rayonne et met en lumière d'autres personnes. Quand je vois ma propre valeur, les autres la vois également. Quand j'ose me montrer, les autres me voient. Je ne suis plus invisible, j'existe et souvent, les autres me rémercient d'être là, de vivre avec eux. Quand j'ose m'accepter, je suis acceptée et aimée. Il n'y a pas de « mais » qui tienne (au « oui ») et mon auto-saboteur peut aller se recoucher.
Et si aujourd'hui, nous faisions tous une chose qui nous permet d'avancer et de sortir de l'auto-sabotage, que ferais-tu ?
Aline Lourtie
08/12/2024
Une vidéo amusante sur le sujet - "Et Tout le monde S'en Fout épisode #64 - l'auto-sabotage"
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